« Les Mayas, comme d’ailleurs tous les peuples méso-américains, ont pratiqué couramment les sacrifices de victimes humaines, si l’on en croit les témoignages de l’archéologie comme de l’iconographie » (Claude-François Baudez p 215)*. Au Mexique, l’exemple «venait d’en haut». Selon la légende, à Teotihuacan, pour enfin sortir des ténèbres, deux dieux, Nanahuatl et Tecciztecatl, avaient versé leur sang avant de se sacrifier en se jetant dans un brasier. Le premier, qui sauta spontanément, devint le Soleil et le second, plus hésitant, la Lune. Dans la pensée mésoaméricaine, le sang qui «imbibe la terre» plaît aux dieux et le sacrifice humain — par extraction du cœur — est, sans conteste, l’offrande suprême. C’est le juste «retour» des hommes pour remercier les divinités. Une façon de «payer leur dette» (Graulich p 74). Et, en contrepartie, d’obliger les dieux à poursuivre leurs bienfaits (récolte abondante, victoire sur le champ de bataille, etc.). Reste que l’ampleur du phénomène déconcerte. Les Aztèques se vantaient d’avoir sacrifié jusqu’à 80 400 prisonniers en trois ou quatre jours à l’occasion de l’inauguration de leur temple principal à Mexico (Graulich p 7)**. Le calendrier aztèque était ponctué de fêtes accompagnées de sacrifices humains souvent précédés de rites sophistiqués. Ainsi, à l’approche du solstice d’hiver, pour célébrer l’abondance (Graulich p 120)**, un prisonnier de guerre, sans tare physique, était choisi pour représenter pendant un an le dieu Tezcatlipoca. Revêtu des plus riches habits, l’élu était honoré par des fêtes et traité comme un dieu vivant. Puis, venait le moment où il devait endosser un costume de guerrier. Dès lors, il ne lui restait plus que quelques jours à vivre, qu’il passait agréablement auprès de quatre jeunes épouses. Enfin, à l’heure du sacrifice, il était de tradition qu’il monte seul au sommet de la pyramide.L’autosacrifice sanglant était également pratiqué en Méso-amérique. Les élites mayas y recouraient avec l’aide, notamment, d’un aiguillon de raie (pour se percer les oreilles, la langue et, pour les hommes, le pénis). Il semblerait que lors des sacrifices et des autosacrifices, la douleur était recherchée et hautement valorisée. Les peuples d’Amérique du Sud pratiquaient aussi les sacrifices humains. Comme en témoigne l’iconographie mochica. Et, plus encore, les squelettes des jeunes adultes sacrifiés découverts, par l’archéologue Steve Bourget, sur une des places de la Huaca de la Luna, près de Trujillo. Ou les momies des enfants, enterrés vivants, retrouvés au sommet des montagnes andines, à l’exemple de Juanita, jeune fille inca de 14 ans dont la momie en parfait état est aujourd’hui exposée à Arequipa (museo del proyecto santuarios andinos).
Pour en savoir plus (en langue française)
DUVERGER Christian. La fleur létale. Economie du sacrifice humain aztèque.
Recherches anthrolopoligiques/ Seuil. 2001. L’Histoire. Dossier : les sacrifices
humains Enquête sur un tabou. N° 290. Septembre 2004. GRAULICH Michel. Le
sacrifice humain chez les Aztèques. Fayard. 2005. BAUDEZ Claude-François.
La douleur rédemptrice. L’autosacrifice précolombien. Riveneuve. 2012
Consulter aussi
Le Journal de la Société des Américanistes en ligne :
- de 1895 à 2000 : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/revue/jsa
- de 2000 à 2005 : http://jsa.revues.org/
Sacrifice humain
Une pratique courante en Méso-Amérique et dans les Andes
sommet des pyramides.
Tzompantli. Mûr de crânes en pierre.
Chez les Aztèques de telles
“expositions” étaient pratique courante, avec de vrais cranes, après
La vicitme est étendue sur la pierre du sacrifice. Alors que ses bras
et ses jambes sont maintenues fermement, le prêtre aztèque ouvre
la poitrine et arrache le coeur avec sa lame de silex. Gravure Monain
les sacrifices perpétués au
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